Je propose dans le cadre du combat politique mené aujourd'hui par l'IRC un système de résorption de notre dette publique par adossement monétaire entre partenaires francophones, un rééquilibrage au profit de ceux-ci en Afrique (l’équivalent de 1500Md d'euros en actifs !) et pour nous l'arrêt de l'hémorragie puis le retour à un niveau d’endettement proche de zéro, hors investissements annuels ou pluri-annuels, donc la supression des intérêts de la dette: autour de 40Md d’euros chaque année tout de même. Nous pourrions traiter totalement le problème de la dette publique en moins de 10 ans, dans le cadre d'un échéancier crédible, hors politique traditionnelle de monétisation de celle-ci. La France peut ainsi largement éviter une dévaluation massive de sa monnaie faussant les anticipations des acteurs économiques...
Ce système serait idéalement renforcé par le retour au Franc français, surtout si par sécurité on adopte un système monétaire dual (effet de sas!) avec un Franc-Or, monnaie de l' Etat central focalisé sur ses missions régaliennes, au côté du Franc courant d'un usage plus classique (2)!
1- Un parallèle entre la France et l'Afrique
Le Gouvernement français (UMP) creuse les déficits depuis 2007 sur un montant total de plus de 350Md d'euros (38,4Md en 2007; 56,3Md en 2008; 144Md en 2009; environ 152Md en 2010), et ne s’inquiète pas du paiement des seuls intérêts de la dette, autour de 40Md, un montant équivalent à une fois et demie le budget de la recherche qui engage notre avenir ou supérieur à l’impôt sur le revenu, situation révélatrice d' un système pervers de spoliation de la population. En effet, cette somme équivalente à seize fois les pertes du Crédit lyonnais, représente une perte pour chaque Français de plus de 7500 euros, perte qui s’aggravera encore en l’absence d’équilibre budgétaire avant 2012! Pour se faire une appréciation juste, la part des investissements publics dans le budget de l'Etat demeurant négligeable, il suffit en fait de considérer les grands équilibres financiers de la nation durant le mandat de N.Sarkozy qui n'avait pourtant pas fait la promesse électorale d'un appauvrissement quasi généralisé! Si 50% des Français perçoivent un salaire mensuel net inférieur à 1555 euros, 90% perçoivent un salaire inférieur à environ 3084 euros mensuels (statistiques de 2008)... un pourcentage révélateur de ce que sont les rapports de force réels dans le pays!
En outre, depuis que la France a concédé la gestion de sa dette publique à la sphère bancaire privée (1973), les contribuables ont payé l'équivalent de plus de 1200 Md d’euros d’ intérêts depuis 1980 jusqu'en 2008, la dernière émission de monnaie par la BDF datant de 1974. L’ensemble du patrimoine collectivement détenu par les Français est donc à terme menacé puisqu’il faudra bien solder cette dette, la France risquant une mise sous tutelle définitive...d’où la stratégie globale élaborée par l' IRC!
En effet, avec le système financier actuel, le deuxième poste budgétaire de l'Etat français (environ 42,4Md en 2010) est consacré au remboursement des seuls intérêts de la dette, après le poste de l' Education nationale, de même qu' on constate souvent chez nos partenaires africains un service de la dette (dette principale et intérêts) écrasant... Ainsi, entre 1970-2007, la dette extérieure publique à long terme des pays en voie de développement (PED) est passée de 46 à 1.350Md de dollars US, alors que ceux-ci en ont remboursé 4.350Md dans le même temps!
L'écart entre niveaux de développement de nos pays respectifs joue certes le rôle de paravent, mais la logique sous-jacente et la tendance de fond demeurent les mêmes pour tous.
On a là un élément parmi bien d'autres prouvant que «nos élites» réservent de fait aux Français le même sort que celui qui a été réservé à l'immense majorité des Africains …
2- La Francophonie est un axe stratégique majeur!
C’est pourtant une opportunité capitale que celle permettant le développement économique chez nos partenaires francophones et le comblement de nos déficits publics, par l’exploitation intensive des monnaies (et parités monétaires) hors Europe, notamment les Franc congolais et Franc CFA: la reconnaissance réelle de ces monnaies suppose une autre vision globale car jusqu’à aujourd’hui aucune puissance industrielle n’a fondamentalement envisagé l'idée même du développement de l’Afrique, et personne ne veut mesurer tout l’intérêt d’outils financiers que l' Etat français ne possède plus pleinement aujourd’hui, outils dont savent pourtant user toutes les puissances émergentes…
Reconnaître ces monnaies, c'est d'abord reconnaître les populations bien au-delà du G8 ou du G20, c'est anticiper le poids à venir de l’économie de toute l'Afrique, en fait percevoir derrière son développement tous les effets de levier sur un plan monétaire et économique mais également diplomatique, culturel... On trouve ainsi 24 millions de Francophones (18partiels) en République Démocratique du Congo (RDC)!
Il s'agirait donc par principe d' employer le Franc congolais et le Franc CFA comme monnaies de substitution à l' Euro pour la gestion de notre dette publique… Au total, l’encours de la dette française négociable à la fin février 2008 pesait 945 Md d’euros (Agence France Trésor), et par rapport à la dette détenue actuellement par les résidents français, nous bénéficierions tous énormément (40Md par an) d' un dispositif inter-étatique sans paiement d'intérêts!!! La monnaie est d'abord une convention basée sur la confiance, et si la dette publique est un actif pour celui qui la détient, il faut la transférer auprès de partenaires fiables! On prendrait des garanties, redéfinirait une parité fixe entre monnaies, négociable régulièrement. L’ampleur programmée des investissements en Afrique comme la garantie et l’expérience apportées par l’Etat français contribueraient d’ailleurs à assurer la crédibilité des engagements de tous nos partenaires par rapport à leur monnaie. La convertibilité du Franc CFA est d'ailleurs garantie de manière illimitée (en théorie...) par le Trésor public français, même s'il s'agirait au préalable de veiller à ce que ce soit l'esprit républicain qui anime nos gouvernants...
Au-delà de ce premier objectif comparable à un «transfert» de la dette française sur le continent africain, on réaliserait un objectif encore plus ambitieux pour la France et nos partenaires…
3- Le partenariat stratégique: la suppression de la dette publique française, l'équivalent de 1500 Md d'euros d'actifs pour nos partenaires africains
Dans le cadre d’un partenariat stratégique avec l'Afrique francophone où l’on coordonnerait nos politiques monétaires, il s’agirait en fait de privilégier un équilibre beaucoup plus dynamique et qualitatif. On mettrait donc en place une autre politique de coopération (co-développement) sur ce continent qui apparaît clairement sous-endetté au vu des montants qui sont les nôtres en valeur absolue....
Sur un plan financier, grâce à ce mécanisme d’adossement entre la France et ses partenaires francophones , ces pays pourraient ainsi détenir à terme une partie de la dette de l’Etat français. L’économie réalisée par rapport au remboursement de la seule charge de la dette contribuerait à la stabilisation de la dette française restructurée (emprunts d’Etat à «taux 0»). Nous entrerions ainsi dans un cercle vertueux…
A une échelle plus vaste, on envisagerait alors un jeu complexe visant à terme:
-soit l’annulation concertée des OAT (obligations préplacées par exemple) émises par la France et des emprunts de nos partenaires portant sur des investissements massifs,
-soit pour le paiement des investissements, une création monétaire africaine qui entrainerait systématiquement la suppression d’ OAT françaises pour un montant équivalent, selon une convention multilatérale, entre autres dispositifs...
Dans l’absolu, dans le cadre de ce partenariat stratégique portant sur l'équivalent de la dette publique française (1500Md), par le biais d'un endettement croisé équivalent pour chaque partie, pays ou groupe de pays, la dette annulerait la dette!!!
Ce principe revient à «monétiser sur projet francophone» la dette française…
Nos partenaires auraient donc la certitude de sortir rapidement du sous-développement, puisque la France y investirait plusieurs dizaines de milliards chaque année pour une période et selon des modalités à définir...
La dette française serait donc globalement exprimée en Francs CFA et Franc congolais de manière systématique , y compris concernant les collectivités locales, les PME-PMI innovantes (fonds dynamique d’investissement francophone), en plus de l'avantage lié au retour au Franc français...
En théorie, au vu de l'endettement actuel de la France, la coopération pourrait donc porter sur un montant équivalent à au moins 500 Md d’euros pour chacune des zones Franc CFA et pour la zone Franc congolais, avec des parités monétaires à gérer par exemple par tranche de 150 Md/an sur 10 ans. Leur masse monétaire est de toute façon beaucoup plus restreinte et contrôlée que pour le dollar US ou l’Euro… Rappelons d'ailleurs ici que moins de 80Md d'euros par an pendant 10 ans suffiraient pour éradiquer la misère, pour permettre l’accès aux services de base (alimentation, eau potable, éducation primaire, soins de base) repris dans les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)...
Même si les politiques monétaires doivent au départ être coordonnées, on doit clairement viser un système monétaire refondé des zones CFA dans un proche avenir, après cette phase de transition! D'ailleurs, on constate déjà une multiplication des transactions dans les monnaies de pays exportant des matières premières, au détriment du dollar US...
Il s’agirait d’une rupture majeure dans les positionnements de la France en Afrique, tous les partenaires francophones compensant ainsi leurs propres faiblesses et renforçant leur poids économique et géopolitique respectif!
En outre grâce à un retour de la croissance, la France aurait ainsi la certitude absolue de pouvoir intensifier au mieux les réformes structurelles sur son propre territoire… Il s’agit là d’une opportunité exceptionnelle pour notre pays, d’ une portée incommensurable sur un plan géopolitique pour l’émergence d’un monde multi-polaire.
Cependant à ce jour, au-delà du respect de certains critères de convergence de l’Union européenne, la politique européenne exclusive et monolithique de la France apparaît ainsi clairement en porte-à-faux puisque nous privant de nos atouts maritime et francophone. Ainsi, la Francophonie est à considérer à un niveau bien supérieur à celui de l’Europe institutionnelle, la France est à penser dans un bloc non nécessairement «occidental» ou transatlantique...
De fait, la Francophonie ne peut pas s'accommoder du néo-impérialisme dominant chez nos «élites»; le développement de l'Afrique, dernière pompe aspirante vers le bas au niveau mondial pour tous les adeptes mercantilistes du moins-disant fiscal et salarial, est une clé essentielle de notre lutte politique...
L'intérêt fondamental du peuple français est bien de rompre avec ce système inique de la dette, de l'abandon de souveraineté sur les questions monétaires, donc de revenir au Franc français (Franc Or et Franc courant); il converge avec celui des peuples africains notamment francophones à sortir du sous-développement!
Plus globalement, cette démarche serait en outre d’autant plus pertinente que des oppositions notables (Amérique du Sud, pays du Golfe, Chine…) se font jour concernant le système financier international qui tangue aujourd’hui avant sans doute d’imploser demain...
Le 10 Novembre 2010
S.Dezanneau (Tous Droits Réservés)
Note: ce système a été bâti en septembre-octobre 2008, l'essentiel de ce texte a lui été publié sur internet en janvier 2009, actualisé en janvier 2010, remanié enfin pour l'IRC deux ans plus tard... La perte de temps pour que ces projets connaissent une traduction concrète est donc déjà conséquente aussi j' espère au vu des enjeux que vous franchirez le pas en adhérant à l'IRC...